Charlène Touillon
« Le sommeil des jeunes enfants :
le casse-tête numéro 1 des parents »
Sage-femme libérale depuis 2010, Charlène Touillon s’est installée à Chenôve en duo avec une gynéco. Elle propose aux futurs parents de se préparer à l’arrivée de leur enfant grâce à l’haptonomie et accorde une attention particulière au sommeil des jeunes enfants
Vous êtes sage-femme. La question du sommeil est centrale après une naissance ?
Pour beaucoup de jeunes parents, le sommeil de leur enfant ressemble bien souvent à un véritable casse-tête. Ils se retrouvent parfois perdus face aux pleurs de leur enfant, ils sont démunis et fatigués... Et ils ont du mal à trouver le mode d’emploi de leur enfant !
Justement, quelles sont les clés de ce mode d’emploi ?
Il faut aller chercher les réponses auprès de son enfant. L’observer attentivement, essayer de décrypter son attitude pour le comprendre. Il n’y a pas de méthode miracle, mais seulement de grands principes qui doivent nous aiguiller. Nous sommes tous pareils, et à la fois tous très différents ! D’une grossesse à l’autre, d’un bébé à l’autre, le mode d’emploi sera peut-être très différent.
À quoi les parents doivent-ils être attentifs pour mieux comprendre leur enfant ?
Avant deux mois, ce n’est pas toujours très clair, mais rapidement, l’enfant va peut-être pleurer à un moment en particulier, se frotter les oreilles ou encore les yeux : c’est le signal ! Il ne faut surtout pas rater le train du sommeil.
Certains bébés dorment sans problème, pour d’autres, au contraire, c’est l’enfer. Peut-on quand même avancer une explication ?
Il faut être honnête, c’est quand même assez rare qu’un nouveau né se cale du jour au lendemain ! Les jeunes parents doivent garder en tête que faire dormir un enfant, c’est véritablement un job à plein temps dès 15 jours après la naissance et jusqu’à 3 mois. Ça prend du temps...
Comment aider bébé à s’endormir ?
Tout d’abord il faut rester à ses côtés, et être pleinement présent pour lui. Il est important de le rassurer et d’accueillir les pleurs. On peut poser délicatement une main sur son visage et surtout lui dire qu’il est capable de s’endormir. En fait, il faut lui laisser le temps d’apprendre à s’endormir sereinement !
L’endormir dans ses bras : bonne ou mauvaise idée ?
Ce n’est pas forcément une mauvaise idée mais il faut quand même se mettre à la place de l’enfant : s’endormir à un endroit et se réveiller à un autre, ça peut être déstabilisant ! On peut entamer le rituel dans les bras, instaurer une parenthèse d’eveil calme mais à un moment il est important de le rapatrier dans son lit. Le bon moment, c’est quand les parents le sentent ! Si je devais faire passer un seul message aux parents fatigués ce serait « faites-vous confiance, vous allez y arriver ! »
Un piège éviter ?
Penser que les pleurs signifient forcément que le bébé a faim. Il faut se caler sur son rythme à lui et lui apporter la bonne réponse au bon moment. Le soir généralement entre 18h et minuit, les phases de pleurs sont plus des moments de décharge et de fatigue. Un moment particulier où les enfants ont encore plus besoin de présence et d’attention.
Un conseil à retenir ?
Même si c’est compliqué, il faut toujours essayer de se mettre à la place de l’enfant. Il vient de passer 8 ou 9 mois dans le ventre de sa maman, dans un cocon finalement assez bruyant mais ultra confortable. Essayer de le faire dormir dans un lit démesuré, dans une chambre immense, sans mouvement et sans bruit... forcément ce sera déroutant pour lui ! Il faut lui laisser le temps de s’adapter à sa nouvelle vie !
La croyance populaire à jeter à la poubelle ?
Imaginer qu’en empêchant de dormir un enfant la journée, il trouvera plus facilement le sommeil le soir ! En fait, plus il dormira, plus il dormira ! C’est aux parents de respecter le rythme de leur enfant, et pas l’inverse.
La position idéale pour dormir ?
On l’allonge sur le dos dans son lit, sans couverture (mais juste avec une turbulette) et sans doudou ou autre petits jouets. Inutile de surchauffer sa chambre : il passera une belle nuit à 19 degrés.
Un secret de sage-femme ?
J’ai remarqué que plus les bébés avaient un rythme précis la journée plus l’endormissement était facilité. En fait, les enfants ont besoin de rituels pour se sentir bien et en sécurité, c’est une question de tempo !
Charlène Touillon – Sage-femme
3 rue Olympe de Gouges 23000 Chenove