Marie-Alice Derain et Fabienne Rochette
« La femme enceinte doit être impérativement écartée de tout risque professionnel »
Marie-Alice Derain et Fabienne Rochette sont médecins au sein de l’Association Interprofessionnelle de Santé au Travail de la Côte-d’Or (l’Aist21). Elles nous en disent plus sur la manière dont grossesse et travail peuvent se concilier... ou pas !
Grossesse et travail sont-ils fait pour s’entendre ?
Pour commencer, il est important de rappeler que la grossesse n’est pas une maladie ! Dans la majorité des cas, grossesse et travail ne sont pas incompatibles. Néanmoins, une évaluation des risques est toujours nécessaire.
La première chose, c’est donc d’en parler ?
Oui, les futures mamans peuvent trouver conseil en toute confidentialité auprès de leur médecin du travail dès leur projet de grossesse. Ensuite, il est important d’échanger avec son employeur et d’envisager, lorsque cela est nécessaire et possible des aménagements de poste pour vivre au mieux sa grossesse au travail. En fait, tant qu’une grossesse n’est pas annoncée, la future maman ne bénéficie pas de la protection adaptée à la situation. Anticiper c’est toujours mieux pour la salariée et pour l’employeur.
Quels sont les facteurs de risque ?
Il y a d’abord les risques physiques : les contraintes posturales, les manutentions lourdes ou répétées, les cadences, les contraintes thermiques, les vibrations, les bruits, les horaire, les déplacements, l’organisation du travail et les radiations ionisantes. Il existe également un certain nombre de risques infectieux : toxoplasmose, CMV ou rubéole. Ça concerne principalement les femmes qui sont au contact d’enfants, de malades ou d’animaux dans leur travail. Enfin, il y a tous les risques chimiques.
Aménager le poste d’une femme enceinte, c’est une obligation pour l’employeur ?
Le code du travail est assez clair sur la question : la salariée enceinte peut être affectée temporairement dans un autre emploi, à son initiative ou à celle de l’employeur sans baisse de rémunération. Dans certains cas, il s’agira simplement de bonnes pratiques à mettre en place : prévoir des pauses assises régulières, limiter le port des charges ou les déplacements, éviter le bruit et les changements brutaux de température, aménager les emplois du temps. Dans d’autres, le reclassement est nécessaire pour éloigner la femme enceinte de tout risque professionnel.
Pour des petites structures on peut aisément imaginer que le reclassement est compliqué voire impossible. Dans ce cas, que faire ?
L’employeur est tenu d’appliquer la réglementation générale et les dispositions s’appliquant à la grossesse. Mais quand il n’y a pas d’aménagements ou de reclassements possibles (c’est souvent le cas dans des pressings ou chez des coiffeurs) alors on envisage une suspension de travail. Notre objectif reste le risque zéro.
La future maman peut-elle prendre des rendez-vous médicaux sur son temps de travail ?
La salariée bénéficie d’une autorisation d’absence pour se rendre aux 7 examens médicaux obligatoires prévus par l’article L. 2122-1 du code de la santé publique dans le cadre de la surveillance médicale de la grossesse et des suites de l’accouchement. En outre, les salariées faisant l’objet d’une assistance médicale à la procréation (insémination artificielle, fécondation in vitro, transfert d’embryon...) bénéficient d’une autorisation d’absence pour les actes médicaux nécessaires.
Il faut donc se référer au code du travail ? Oui mais pas seulement. De nombreuses conventions collectives prévoient des dispositions plus favorables (plus grand nombre d’autorisations d’absence, réductions des horaires quotidiens, pauses obligatoires...) pour la salariée enceinte, que l’employeur est tenu de respecter. Afin de connaître les avantages accordés au sein d’une entreprise, il convient donc de consulter les dispositions conventionnelles applicables (convention collective, accord d’entreprise...). Dans certains cas, les dispositions conventionnelles peuvent être plus favorables que la loi.
L’allaitement au boulot, jouable ou pas ?
La salariée peut allaiter l’enfant dans l’établissement. Elle dispose, pendant un an après la naissance, de temps à cet effet.
Marie-Alice Derain et Fabienne Rochette-Médecins du travail
Marc Pillet
Marc Pillet a plusieurs casquettes : médecin anesthésiste, réanimateur et algologue (gestion de la douleur), il s’est également formé à l’hypnose, convaincu que cette discipline peut apporter de vraies réponses.
Marc Pillet, quand avez-vous entendu parler d’hypnose la première fois ?
En complément de mon diplôme de médecin anesthésiste, je me suis toujours formé avec l’intime conviction que l’on pouvait prendre en charge les patients différemment, autrement dit, pas seulement avec des médicaments. Je me suis intéressé à l’approche psychosomatique, à la relaxation, au massage, à la sophrologie et finalement assez tardivement à l’hypnose. C’est même un concours de circonstances qui m’a amené vers l’hypnose : une anesthésiste stagiaire que j’encadrais m’en a parlé à plusieurs reprises et m’a dit un jour : « si tu fais de l’hypnose, ça changera ta vie ». Je ne saurais pas vraiment dire pourquoi, même à ce moment là, j’ai choisi de l’écouter !
Vous avez donc suivi un cycle complet de formation en hypnoanalgésie à l’Institut Français d’Hypnose.
J’ai suivi cette formation pendant 3 ans, le week-end avec mon épouse qui était sage-femme. Nous avons assez vite compris que l’hypnose pouvait permettre de trouver les clés d’un mieux-être personnel. C’est vraiment une approche qui mêle bien-être et bienveillance. Et c’est ce qui nous a séduit tous les deux.
En quoi l’hypnose peut-elle être l’alliée de la femme enceinte ?
Une grossesse, c’est un moment particulier : un saut dans le vide pour certains, une source d’angoisses pour d’autres, un corps qui change, des doutes qui submergent, des questions existentielles qui jaillissent. L’hypnose va permettre à la future maman « d’être dans son corps ». Ça va l’aider à trouver son équilibre, à éloigner les pensées toxiques. En fait, l’hypnose va faire taire le mental qui vient parfois parasiter et perturber notre rapport au monde, aux autres et à nous-mêmes. En ce sens, elle peut avoir des vertus dès le projet de naissance, même bien avant la grossesse. L’hypnose fonctionne comme une boussole qui va aider la future maman à dessiner son propre chemin vers le bien-être.
L’hypnose peut également aider les futures mamans à arrêter de fumer ?
Oui ! Quand on a un projet de grossesse c’est plus que jamais le moment d’arrêter de fumée. Je propose effectivement des sevrages tabagiques sous hypnose. Ils peuvent prendre deux formes : une séance flash ou 3 séances échelonnées sur 1 mois. En fait c’est l’auto-hypnose qui va permettre aux fumeurs d’envoyer la cigarette pour de bon. L’hypnose est une boîte à outils dans laquelle on va piocher pour faciliter le changement.
Vous faites également partie du réseau libéral endométriose. L’hypnose peut la aussi être une option ?
La lutte contre la douleur est le fil conducteur de mon parcours. Après celles du dos, des mains ou les douleurs cancéreuses j’ai désormais l’occasion d’appréhender les douleurs gynécologiques liées à l’endométriose. Cette maladie complexe et chronique mérite une prise en charge multidisciplinaire. Aujourd’hui, il n’existe pas de traitements définitifs de l’endométriose. L’hypnose et l’algologie ont donc toutes leur place. Les femmes qui souffrent ont le droit à une réponse : et si c’est celle-ci peut leur permettre d’éviter un traitement médicamenteux alors c’est encore mieux !
Marc Pillet - Anesthésiste, praticien en hypnose
5 Rue des Creots 21121 Fontaine-lès-Dijon
Sophie Girod, Audrey Facy et Marjorie Lamotte
« Traiter l’infertilité ne ressemble pas forcément au parcours du combattant »
Notre trio gagnant de gynéco – Sophie Girod, Audrey Facy et Marjorie Lamotte – décrypte pour nous pour les problèmes de fertilité.
Quand on évoque l’infertilité, on parle de quoi au juste ?
On parle d’infertilité quand malgré des rapports réguliers et complets pendant un an, il n’y a toujours pas de grossesse. Pour rappel, les chances de tomber enceinte, sont de 25% en moyenne par cycle à 25 ans... À 35 ans, la probabilité de grossesse n’est plus que de 15 %. À 40 ans, cette probabilité chute à 10%. Il est donc important de bien mettre toutes les chances de son côté (en ayant 2 à 3 rapports par semaine) et de rappeler qu’entre autres, le tabac, le cannabis et le surpoids* (pour madame comme pour monsieur) peuvent être des causes d’infertilité.
Qui consulter en cas de problème ?
On peut en parler à son gynéco, surtout s’il est spécialisé dans la médecine de la reproduction. L’important c’est de ne pas perdre trop de temps... En matière de fertilité, le facteur temps ne joue jamais en notre faveur. Pour commencer on va donc faire un double bilan, car la fertilité est avant tout une histoire de couple ! Une fois que tous les examens prescrits sont faits, on retourne voir son gynéco pour la lecture des résultats. À partir de là, on va pouvoir envisager des solutions.
Il y a autant de solutions que de problèmes ?
Oui ! En cas d’absence d’ovulation par exemple, nous allons essayer de remédier au problème par des comprimés ou des injections. C’est ce qu’on appelle l’induction ovarienne. Dans d’autres cas on pourra proposer des inséminations ou des FIV.
En quoi consiste l’insémination artificielle ?
L’insémination artificielle consiste à placer dans l’utérus les spermatozoïdes. Ils peuvent provenir du conjoint ou d’une banque de sperme. Pour accroître les possibilités de grossesse, un laboratoire spécialisé va préparer le sperme et les ovaires seront soumis à une stimulation hormonale. L’insémination artificielle est une technique simple et efficace, avec un taux de réussite notable.
Et dans les cas où ça ne marche pas, on fait comment ?
Au bout de la 3ème ou 4ème tentative, si la grossesse n’est toujours pas au rendez-vous, on peut envisager, selon les cas, de passer à des techniques plus complexes comme la Fécondation in vitro (FIV).
Vous pouvez-nous en dire plus sur la fécondation in vitro ?
Elle consiste à féconder un ovocyte avec un spermatozoïde «in vitro», c’est-à-dire en dehors du corps de la femme, puis à implanter l’œuf fécondé dans l’utérus. Comme pour l’insémination, la FIV nécessite une stimulation ovarienne hormonale pour permettre la croissance et la maturation de plusieurs follicules ovariens. Ce traitement est surveillé par des échographies et des dosages sanguins hormonaux. Puis l’ovulation est déclenchée et la ponction folliculaire a lieu. Cette ponction est effectuée par voie vaginale, sous contrôle échographique, la plupart du temps sous anesthésie locale.
Où peut-on faire une FIV dans la région ?
Au CHU ou à la polyclinique de Franche-Comté, à Besançon.
Ces interventions et ses traitements sont-elles pris en charge par la sécu ?
Les bilans et les soins pour stérilité peuvent être pris en charge à 100 %. Les actes de procréation médicalement assistés sont pris en charge jusqu’au 43e anniversaire de la femme, sous accord préalable. La sécu rembourse une seule insémination artificielle par cycle, avec un maximum de six pour obtenir une grossesse et quatre tentatives de fécondation in vitro. Il est important aussi de se référer au code du travail pour aménager son emploi du temps en conformité avec la loi.
Quels conseils pouvez-vous donner aux couples qui se lancent dans ce genre de traitement ?
De ne pas attendre pour parler de leurs difficultés à concevoir et surtout de déculpabiliser ! Il n’y a pas de coupable dans cette histoire. Et puis, il faut continuer à essayer de manière naturelle et ne jamais désespérer : c’est quand même toujours mieux quand ça se passe sous la couette !
Sophie Girod, Audrey Facy et Marjorie Lamotte - Gynécologues
Thierry Rousseau
« La prévention contre le CMV est actuellement la solution la plus efficace pour éviter la contamination pendant la grossesse »
Thierry Rousseau est gynécologue-obstétricien, coordinateur du serce de gynécologie-obstétrique du CHU. Il nous en dit plus sur le CMV.
Pendant la grossesse, on parle spontanément de la toxoplasmose mais quasiment jamais du CMV... Pourquoi ?
L’infection à cytomégalovirus (appelée communément CMV) pendant la grossesse n’est pas très connue du grand public, à la différence de la rubéole ou de la toxoplasmose, car il n’existe pas aujourd’hui en France de dépistage systématique de masse pour les femmes enceintes.
Quels sont les caractéristiques de cette infection ?
Le CMV appartient à la famille des virus herpes, d’où sa forte capacité à s’attaquer au cerveau du fœtus. Il se transmet facilement par les sécrétions (salive, nez, larmes, urine, sperme et vaginales) et environ 50 à 70 % des femmes en âge de procréer ont déjà été en contact avec le virus avant leur grossesse. On retrouve deux pics de contamination en fonction de l’âge. Le premier durant la petite enfance jusqu’à 3 ans, car c’est durant cette période que l’enfant a tendance à tout porter à sa bouche, et le deuxième durant l’adolescence ou la post-adolescence du fait des bisous et des relations sexuelles. La première contamination (appelée primo-infection) est le plus souvent anodine lorsque l’on est en bonne santé : elle se manifeste par une petite fièvre, de la fatigue, la présence de ganglions ou une rhino-pharyngite et peut également passer complètement inaperçue. Le virus reste ensuite latent toute la vie dans l’organisme et peut se réactiver en cas de déficience du système immunitaire (fatigue, maladie intercurrente, traitement immunodépresseur). À noter qu’il n’existe pas actuellement de vaccin contre le CMV.
Quels sont les risques pour le fœtus ?
T.R : On estime qu’environ 1 % des femmes sont contaminées pour la première fois ou réactivent le CMV durant leur grossesse. Le virus ne sera transmis au fœtus que dans un tiers des cas, et si c’est le cas dans 90 % il n’aura aucune conséquence pour l’enfant. Si bien qu’au total, environ 300 enfants par an en France vont présenter des séquelles graves dues à l’infection congénitale à CMV, en particulier cérébrales avec handicap psychomoteur. Le risque d’atteinte du fœtus après une réactivation du virus est possible mais exceptionnel. Ce sont les premières infections à CMV qui sont à risques, et ce surtout au 1er trimestre de la grossesse.
Quand penser au CMV pendant la grossesse ?
Essentiellement en cas de symptômes évocateurs chez la mère (fièvre, ganglions) mais surtout devant la présence de signes spécifiques à l’échographie du fœtus (retard de croissance sévère, anomalies cérébrales).
Pourquoi ne fait-on pas de dépistage systématique du CMV pendant la grossesse en France ?
Essentiellement parce qu’il n’existe pas encore aujourd’hui de traitement efficace durant la grossesse pour empêcher l’apparition de séquelles neurologiques chez l’enfant.
Et à l’avenir ? T.R : Plusieurs études scientifiques sont actuellement en cours en France pour évaluer l’efficacité des médicaments antiviraux sur le fœtus pendant la grossesse et également l’intérêt ou non de proposer un dépistage systématique pour toutes les femmes enceintes, ce qui n’est actuellement pas démontré.
Comment fait-on le diagnostic de l’infection à CMV durant la grossesse ?
L’infection maternelle sera évoquée par une ou plusieurs prises de sang. Concernant le fœtus, c’est l’échographie qui permet le mieux d’apprécier un éventuel retentissement. En fonction de ces différents examens, une amniocentèse pourra être proposée pour confirmer la transmission du virus au fœtus. Si l’amniocentèse est négative, le risque d’atteinte de l’enfant est infime. Le couple peut être rassuré. Si l’amniocentèse est positive, la grossesse doit être prise en charge par une équipe de médecine fœtale qui réalisera des échographies régulières complétées par une IRM du cerveau fœtal au dernier trimestre de la grossesse. En cas d’atteinte cérébrale sévère, une interruption médicale de la grossesse pourra être envisagée, selon la demande du couple bien sûr.
Comment se protéger du cytomégalovirus pendant la grossesse ?
La prévention contre le CMV est actuellement la solution la plus efficace et la contamination pendant la grossesse peut être limitée par des mesures simples qu’il faut absolument connaître lorsqu’on est enceinte
Thierry Rousseau - Gynécologue-obstétricien
Charlène Touillon
« Le sommeil des jeunes enfants :
le casse-tête numéro 1 des parents »
Sage-femme libérale depuis 2010, Charlène Touillon s’est installée à Chenôve en duo avec une gynéco. Elle propose aux futurs parents de se préparer à l’arrivée de leur enfant grâce à l’haptonomie et accorde une attention particulière au sommeil des jeunes enfants
Vous êtes sage-femme. La question du sommeil est centrale après une naissance ?
Pour beaucoup de jeunes parents, le sommeil de leur enfant ressemble bien souvent à un véritable casse-tête. Ils se retrouvent parfois perdus face aux pleurs de leur enfant, ils sont démunis et fatigués... Et ils ont du mal à trouver le mode d’emploi de leur enfant !
Justement, quelles sont les clés de ce mode d’emploi ?
Il faut aller chercher les réponses auprès de son enfant. L’observer attentivement, essayer de décrypter son attitude pour le comprendre. Il n’y a pas de méthode miracle, mais seulement de grands principes qui doivent nous aiguiller. Nous sommes tous pareils, et à la fois tous très différents ! D’une grossesse à l’autre, d’un bébé à l’autre, le mode d’emploi sera peut-être très différent.
À quoi les parents doivent-ils être attentifs pour mieux comprendre leur enfant ?
Avant deux mois, ce n’est pas toujours très clair, mais rapidement, l’enfant va peut-être pleurer à un moment en particulier, se frotter les oreilles ou encore les yeux : c’est le signal ! Il ne faut surtout pas rater le train du sommeil.
Certains bébés dorment sans problème, pour d’autres, au contraire, c’est l’enfer. Peut-on quand même avancer une explication ?
Il faut être honnête, c’est quand même assez rare qu’un nouveau né se cale du jour au lendemain ! Les jeunes parents doivent garder en tête que faire dormir un enfant, c’est véritablement un job à plein temps dès 15 jours après la naissance et jusqu’à 3 mois. Ça prend du temps...
Comment aider bébé à s’endormir ?
Tout d’abord il faut rester à ses côtés, et être pleinement présent pour lui. Il est important de le rassurer et d’accueillir les pleurs. On peut poser délicatement une main sur son visage et surtout lui dire qu’il est capable de s’endormir. En fait, il faut lui laisser le temps d’apprendre à s’endormir sereinement !
L’endormir dans ses bras : bonne ou mauvaise idée ?
Ce n’est pas forcément une mauvaise idée mais il faut quand même se mettre à la place de l’enfant : s’endormir à un endroit et se réveiller à un autre, ça peut être déstabilisant ! On peut entamer le rituel dans les bras, instaurer une parenthèse d’eveil calme mais à un moment il est important de le rapatrier dans son lit. Le bon moment, c’est quand les parents le sentent ! Si je devais faire passer un seul message aux parents fatigués ce serait « faites-vous confiance, vous allez y arriver ! »
Un piège à éviter ?
Penser que les pleurs signifient forcément que le bébé a faim. Il faut se caler sur son rythme à lui et lui apporter la bonne réponse au bon moment. Le soir généralement entre 18h et minuit, les phases de pleurs sont plus des moments de décharge et de fatigue. Un moment particulier où les enfants ont encore plus besoin de présence et d’attention.
Un conseil à retenir ?
Même si c’est compliqué, il faut toujours essayer de se mettre à la place de l’enfant. Il vient de passer 8 ou 9 mois dans le ventre de sa maman, dans un cocon finalement assez bruyant mais ultra confortable. Essayer de le faire dormir dans un lit démesuré, dans une chambre immense, sans mouvement et sans bruit... forcément ce sera déroutant pour lui ! Il faut lui laisser le temps de s’adapter à sa nouvelle vie !
La croyance populaire à jeter à la poubelle ?
Imaginer qu’en empêchant de dormir un enfant la journée, il trouvera plus facilement le sommeil le soir ! En fait, plus il dormira, plus il dormira ! C’est aux parents de respecter le rythme de leur enfant, et pas l’inverse.
La position idéale pour dormir ?
On l’allonge sur le dos dans son lit, sans couverture (mais juste avec une turbulette) et sans doudou ou autre petits jouets. Inutile de surchauffer sa chambre : il passera une belle nuit à 19 degrés.
Un secret de sage-femme ?
J’ai remarqué que plus les bébés avaient un rythme précis la journée plus l’endormissement était facilité. En fait, les enfants ont besoin de rituels pour se sentir bien et en sécurité, c’est une question de tempo !
Charlène Touillon – Sage-femme
3 rue Olympe de Gouges 23000 Chenove
Séréna Chenot
« Venez comme vous êtes ! »
Séréna Chenot est installée à la Maison Médicale, boulevard de l’Université. Cette jeune sage-femme à l’énergie débordante chouchoute les futures mamans en toute simplicité.
Séréna, après un passage à l’hôpital, en cabinet puis en clinique, vous avez finalement fait le choix de vous installer dans une Maison Médicale. Pourquoi ?
J’ai en effet eu la chance d’exercer dans différentes structures. J’en ai tiré la leçon suivante : l’important c’est la proximité et l’esprit d’équipe. Pour moi, la Maison Médicale est donc idéale : c’est une structure solide, accessible, proche du centre ville et du campus avec une vraie équipe. C’est ce qui rend cette aventure constructive. Je ne me voyais pas exercer seule dans mon coin. Le médecin présent sur place est vraiment un relai pour moi : on discute, on échange, on construit des solutions ensemble.
Quel type de préparation à l’accouchement proposez-vous ?
Je propose une préparation à la naissance dite « classique » mais en réalité elle ne l’est jamais vraiment ! En fait, chaque patiente est différente, ses besoins sont singuliers, son parcours et ses envies aussi. Mon rôle c’est de les comprendre, de cerner leurs attentes et d’être là pour elle. Surtout pas d’être en pilotage automatique avec un schéma tout tracé ! Je vais donc dans le sur-mesure, au feeling. Chaque projet de naissance est vraiment unique, je suis prête à accueillir toutes les éventualités, sans tabou.
Quelle est selon vous, la qualité indispensable d’une sage-femme ?
L’écoute ! Quand une femme tombe enceinte, elle s’apprête à vivre des moments inédits et précieux. De grandes joies mais aussi des moments de doute ou d’angoisse. Pour bien les accompagner il faut les comprendre, et pour les comprendre il faut les écouter. C’est important de leur offrir cet espace de parole, sans complexe et en totale confiance. Avant toute chose, on passe donc du temps à papoter ! Je veux qu’elles soient à l’aise, qu’elles puissent tout me dire sans retenu.
On peut aborder tous les sujets avec sa sage-femme ?
Bien sûr ! D’autant que nous pouvons aussi assurer un suivi médical simple. En fait, le secret c’est de ne laisser aucune question sans réponse. Le cas typique, ce sont les batteries d’examens prescrites aux futures mamans. Elles passent parfois beaucoup de temps au labo sans trop savoir pourquoi et sans comprendre non plus leurs résultats. Elles sont parfois perdues, et c’est normal : je suis aussi là pour décrypter des ordonnances et leur expliquer simplement ce qui se cache derrière ces analyses ! En fait, la dimension conseil est vraiment au cœur de notre métier, les futures mamans ne doivent jamais rester dans le flou. Elles peuvent même m’appeler ou m’envoyer des textos si besoin : je suis toujours dispo pour elles !
Justement, quel est le meilleur conseil à donner à une future maman ?
De devenir actrice de sa grossesse et de ne surtout pas se prendre la tête. Bon, c’est facile à dire mais les femmes enceintes doivent absolument se faire confiance. Ma mission c’est de les faire revenir à l’essentiel. De leur montrer qu’elles n’ont pas besoin de grand chose pour être bien. Je veux qu’elles sortent de mon cabinet sereines, tranquilles avec le sentiment que tout est possible. Ce que je leur répète le plus souvent c’est « oubliez vos doutes, vous ne pouvez que faire bien ! ». Je leur fais vraiment confiance : je sais qu’elles vont y arriver !
Finalement, être sage-femme c’est aussi faire preuve de beaucoup de psychologie !
Complètement ! Pour moi c’est même avant tout de la psychologie. Avant, pendant et après la grossesse. Au moment de la rééducation du périnée par exemple, les sages-femmes sont souvent les interlocutrices privilégiées des mamans. Elles viennent de vivre une révolution dans leur corps et dans leur vie, on ne peut pas juste les recevoir pour de la rééducation sans aborder le reste. Sans leur demander comment elles vont, sans les écouter. C’est d’ailleurs souvent des moments où elles craquent un peu et où elles se lâchent !
Séréna Chenot – Sage-femme
3a Rue Ernest Lory 21000 Dijon
Nathalie Chiffaut-Moliard
« Le lien charnel ne doit jamais être rompu »
Nathalie Chiffaut-Moliard a une double casquette - sage-femme et sexologue – et un discours unique : la sexualité est le ciment du couple !
La sexualité a t-elle une place dans la formation des sages-femmes ?
Oui, mais ça reste très superficiel. Seules 6h de cours sont consacrées à la sexualité dans la formation des sages-femmes... Ce n’est évidemment pas suffisant pour affronter la discipline à bras le corps. De mon côté après 8 années dans un hôpital de la région parisienne, j’ai fait le choix de retourner sur les bancs de l’école pour suivre un DIU d’études de la sexualité humaine.
Pourquoi la sexualité a une place centrale dans votre approche de la maternité ?NC-M : Je crois que la sexualité est intimement liée à la bonne santé de la maman et du couple. C’est important de parler de bien-être sexuel, sans tabou et d’aborder le sujet sans complexe. La grossesse est une période de grands chamboulements y compris sous la couette ! Il ne faut pas que la sexualité cristallise des tensions ou des angoisses. Au contraire, elle doit être une source de bien-être. Donc tout ce qui peut permettre à la future maman d’être au top doit avoir une place centrale. Aborder la sexualité pendant la grossesse, c’est aussi rappeler aux femmes enceintes, qu’elles ne sont pas seulement des futures mamans.
Donc sexualité et grossesse sont pleinement compatibles !
Oui ! Il n’existe aucune contre indication à cela. Plus une maman prend du plaisir, plus elle sera bien dans ses pompes. L’important, c’est comme toujours, de s’écouter. Pendant la grossesse, on peut avoir des envies différentes, c’est donc peut-être le moment d’envisager d’autres manières de faire : la sexualité, ce sont aussi des caresses et des moments charnels. Et puis, pour certains, c’est le moment idéal pour faire preuve d’audace ! On peut apprendre à faire autrement, réinventer sa sexualité, sans jamais se forcer évidemment.
En fin de grossesse, on entend souvent dire qu’un rapport sexuel peut déclencher l’accouchement. Info ou intox ?
C’est exact, mais pas pour de mauvaises raisons. Ce sont les ocytocines, véritables hormones du plaisir, libérées pendant un rapport sexuel, qui vont, dans certains cas, provoquer l’accouchement en toute fin de grossesse (et même parfois après le terme). Le taux de cette hormone naturelle va augmenter crescendo à l’approche de la naissance. Pour faire simple, c’est elle qui informe le fœtus de l’imminence du jour et stimule les contractions. En faisant l’amour, on lui donne juste un petit coup de pouce. Et il n’y a bien sûr aucun risque pour le bébé... Parfois, on appelle même ça « l’accouchement à l’italienne » !
Après un accouchement, est-ce que les sensations changent ?
Ça dépend vraiment de chaque femme. Le relâchement du périnée et l’altération de certaines petites terminaisons nerveuses peuvent diminuer les sensations. Mais rien n’est définitif ! Il faut être patient et faire confiance au vieil adage « l’appétit vient en mangeant ».
Le piège à éviter ?
Imaginer que l’on a besoin de rien parce qu’on a un enfant. C’est le meilleur moyen de s’oublier et d’oublier son couple.
Une fois que bébé est arrivé, comment retrouver une sexualité épanouie ?
Le plus important, c’est de s’octroyer des moments à deux, autrement dit de redevenir un couple à un moment où tous les regards sont braqués sur l’enfant. Il faut s’accorder des moments de complicité, des petites parenthèses à deux pour faire renaitre le désir.
Devenir parents et rester amants, c’est ça en fait le challenge à relever ?
C’est exactement ça ! Il faut tout faire pour que le lien charnel ne soit jamais rompu. L’osmose, le plaisir à deux doivent rester les objectifs communs... avec ou sans enfant !
Nathalie Chiffaut-Moliard – Sage-femme sexologue
1 Rue Nicolas Berthot, 21000 Dijon
Élise Bonnet
« Le sport avant, pendant et après la grossesse ! »
Elise Bonnet est une jeune kiné dijonnaise. Diplômée en 2015, elle a complété sa formation initiale avec un DU de périnéologie. Elle propose un accompagnement sportif sur-mesure aux futures et jeunes mamans.
Pour vous kiné rime avec périnée... Pourquoi avoir voulu associer les deux ?
Je n’ai pas vraiment d’explication ! J’ai toujours cherché à en savoir plus sur la grossesse, une période vraiment particulière pendant laquelle le corps change beaucoup. En tant que kiné, c’est quelque chose d’assez fascinant : on ne va pas accompagner les femmes enceintes, sur le fond comme sur la forme, de la même manière qu’un patient lambda. Savoir ce qui se passe au niveau de son corps, c’est la clé pour bien vivre une grossesse. C’est cette approche globale qui m’a séduite.
Justement, comment une future maman peut-elle appréhender tous ces changements sans encombre ?
Je me rends compte que la plupart des gens connaissent finalement assez mal leur propre anatomie. On leur parle de position du bassin, d’abdominaux, de périnée... mais tout ça reste bien souvent abstrait ! La première chose consiste donc à comprendre comment fonctionne notre corps. Pendant la grossesse et après l’accouchement, on va donc aider la future maman à prendre conscience de son corps et à bouger tranquillement. On va lui donner des repères, lui faire ressentir certaines choses pour ne pas qu’elle se retrouve prisonnière d’un corps qu’elle ne comprend plus ! Moralité, elle ne doit pas avoir peur de poser des questions aux professionnels qui l’entoure, même des choses très simples sur leur anatomie...
Mieux connaître son corps, c’est important aussi le jour de l’accouchement ?
C’est important tout le temps et en particulier au moment de l’accouchement : c’est facile de dire à une femme contractez ci, poussez ça, bougez ceci... mais si elles ne savent pas comment elles sont faites, elles ne peuvent pas faire ce qu’on leur demande. Je suis là pour les accompagner, les préparer et leur apporter de vraies réponses. On va les aider à se projeter, à bouger, à respirer, à être en phase avec leur corps et à gérer la douleur du mieux possible.
Sport et grossesse : compatible ou pas ?
On peut être active de A à Z, il faut juste adapter son activité physique. Plus on commence le sport tôt (et si possible avant la grossesse), mieux ce sera ! Si on choisit une activité douce et compatible avec la grossesse, les femmes enceintes pourront faire du sport jusqu’au bout, sans aucun problème.
Quels sports recommandez-vous aux femmes enceintes ?
Depuis 2018, je propose des ateliers de yoga et de pilates exclusivement dédiés aux femmes enceintes. Deux pratiques douces, progressives, faciles d’accès et adaptées à la grossesse. Ce sera utile d’un point de vue renforcement musculaire mais on pourra aussi travailler la respiration, les positions, l’accouchement. C’est un état d’esprit avant d’être une recherche de performances sportives !
Élise Bonnet – kinésithérapeute sur dijon
Insta : @ebyp.dijon
karim elkharraz
« C’est vous qui vous connaissez le mieux ! »
Karim Elkharraz est ostéopathe à Longvic. Pour lui, le désir d’enfant, la grossesse et la naissance, sont des moments à part, synonymes de grandes joies et de bouleversements physiques et psychologiques. Sa méthode ? Finesse, humour et esprit d’équipe. Des clés pour remettre tout le monde sur le chemin du bien-être !
Consulter un ostéo quand on est enceinte, bonne ou mauvaise idée ?
Pour moi, les femmes enceintes sont des patientes comme les autres ! On peut consulter un ostéo à tout moment de sa vie et donc aussi pendant une grossesse. Comme je n’utilise pas de pratiques ostéo-articulaires, il n’y a vraiment aucune contre-indication. Dans mon cabinet, vous n’entendrez jamais d’articulation craquer : je travaille sur les tissus, le plus en finesse possible.
Quel est le meilleur moment pour venir vous voir ?
Avant d’avoir mal ! Et idéalement, dès le projet de naissance pour préparer au mieux le terrain. On va faire en sorte de préparer le corps à accueillir cet enfant. On peut même intervenir en cas d’infertilité. Pour ces cas particuliers, on travaillera sur la mécanique du bassin et sur le système gynécologique : il s’agit de « déverrouiller » certaines parties du corps. Il faut garder à l’esprit que l’ostéopathie est surtout là pour amener du confort et du bien-être... La grossesse c’est avant tout un sport d’équipe : entre les parents et leurs bébés et bien sûr avec tous ceux qui les entourent.
Et vous faites équipe avec qui ?
Avec les gynéco évidemment et avec les sages-femmes qui font un super boulot de préparation à l’accouchement. Et puis, pour certains tracas de la grossesse, notamment les problèmes nausées des premiers mois, je n’hésite pas à orienter mes patientes vers des homéopathes ou des acuponcteurs. Quand le bébé est là, j’ai aussi une pédiatre référente vers qui je n’hésite pas à renvoyer certains patients. On avance ensemble avec le même objectif : faire en sorte que tout roule ?
Quels conseils pouvez-vous donner aux futures et jeunes mamans ?
Ça va vous paraître étonnant, mais le premier conseil que je leur donne c’est de se faire confiance ! Au delà de la prise de poids et des changements physiques impliqués par la grossesse beaucoup de jeunes ou de futures mamans souffrent par ce qu’elles sont tendues. Moi je suis convaincu qu’elles sont les mieux placées pour prendre les bonnes décisions et faire les bons choix avec leur enfant. Elles se connaissent mieux que personne ! Évidemment, il est important qu’elles s’écoutent, qu’elles apprennent à connaître leur nouveau corps mais bien souvent, c’est d’abord dans la tête que ça se passe. Je ne suis pas là pour leur faire la leçon mais pour leur donner de l’élan !
Pendant ces 9 mois, le corps va en effet beaucoup changer... En quoi l’ostéopathie peut-elle être utile ?
Tout simplement car on va apporter du confort... rapidement ! Lombalgies, douleurs ligamentaires, maux de tête, sciatiques, dorsalgies, cervicales douloureuses, insomnies : on va essayer d’agir dans la globalité et en douceur. L’ostéopathie va à la fois soulager et préparer. Évidemment, ça ne remplace pas les cours de préparation à la naissance qui s’avèrent indispensable !
Et après l’accouchement, on retourne voir son ostéo préféré ?
C’est en effet une bonne idée. Même quand tout s’est bien passé, on peut reprendre rendez-vous pour un bilan. C’est souvent une période bien remplie : toute la famille doit prendre ses marques, on manque parfois de sommeil, on se retrouve avec un bébé dans les bras, l’allaitement est parfois compliqué. Donc on être particulièrement sur les conséquences physiques de l’accouchement et sur les tensions liées au surmenage. Une fois encore l’ostéo va venir apaiser et soulager pour aider la jeune maman à récupérer le plus vite possible !
Et pour les bébés, ça se passe comment ?
L’ostéopathie va lui apporter du confort à plusieurs niveaux : sommeil, agitation, pleurs excessifs, coliques, régurgitations persistantes, déformation du crâne, torticolis, problèmes de hanches... On va travailler avec une extrême douceur, sur des tissus très fins pour élimer les tensions et l’accompagner pour qu’il puisse affronter la vie en toute sérénité !
Une fois que bébé est là, quelle est selon vous, la meilleure manière de le porter ?
J’ai un faible pour les systèmes de portage en écharpe. Je les trouve confortables pour les enfants comme pour les parents. Le bébé se cale facilement, et comme l’écharpe repose généralement sur les deux épaules, ça ne crée pas de déséquilibre. Pour l’avoir expérimenté avec mes filles, je trouve qu’elle a aussi l’avantage d’offrir aux papas un contact privilégié avant l’enfant, assez proche finalement du peau à peau. Sans parler du fait d’avoir les mains totalement libres !
Si vous emmenez votre bébé pour une consultation, pensez à apporter votre dernière échographie de grossesse, le compte-rendu de l’accouchement, le carnet de santé de l’enfant, et les examens complémentaires (échographie, radio, scanner, IRM si vous en disposez).
Karim Elkharraz – Ostéopathe
1 Route de Dijon 21600 Longvic
Sophie Belleville
« Violences conjugales :
de vraies solutions existent localement »
Sophie Belleville est avocate du barreau de Dijon. L’un de ses domaines de prédilection ? Le droit de la famille.
Qu’est-ce qui se cache derrière l’expression un peu galvaudée des « violences conjugales ? »
Les violences conjugales ont en effet plusieurs formes : il peut s’agir de violences physiques mais aussi de violences sexuelles, psychologiques économiques ou sociales. L’auteur de ses violences peut être le concubin mais également une tierce personne.
Que faire lorsque l’on est victime de violences conjugales ?
La première chose, c’est bien sûr d’en parler. D’abord à son médecin généraliste qui va pouvoir constater les violences. Et dans un second temps à un policier ou un gendarme pour déposer une plainte en bonne et due forme. Des interlocuteurs dédiés sont présents sur place, grâce au Plan Départemental de Prévention et de Lutte contre les violences conjugales. Enfin, on peut saisir un avocat.
Vous pouvez nous en dire un peu plus sur ce plan ?
Ce plan vise à assurer l’accès aux droits et à renforcer les dispositifs pour améliorer le parcours des femmes victimes de violences. Concrètement, le protocole prévoit le renforcement de l’ordonnance de protection, la généralisation d’un téléphone d’alerte pour les femmes en très grand danger, l’organisation de la réponse pénale et la prévention en direction des auteurs de violences.
Existe t-il une procédure d’urgence qui permet de protéger rapidement les victimes ?
Oui, la loi nous protège parfois plus qu’on ne l’imagine, y compris lorsqu’on est marié. L’ordonnance de protection* est une procédure d’urgence délivrée par le juge aux affaires familiales. Les personnes qui peuvent en bénéficier sont donc la victime de violences commises au sein d’un couple ainsi que les enfants en danger. Et peu importe le moment où surviennent les violences : pendant la vie commune ou postérieurement à une séparation ou à un divorce. L’auteur des violences peut être un conjoint ou un ancien conjoint, un partenaire lié par un PACS ou un ancien partenaire. Concrètement, le juge statuera en urgence et il pourra décider d’évincer du domicile familial l’auteur des violences. Et si la victime souhaite quitter le domicile conjugal, le juge pourra décider d’organiser son relogement pour la mettre hors de danger tout en statuant provisoirement sur la garde des enfants. C’est vraiment une avancée majeure de la loi ces dernières années !
Localement en Côte d’Or, quels sont les dispositifs mis en place ?
Depuis 2014 « Violence Femmes Info » (3919) est la ligne de référence d’écoute et d’orientation pour les femmes victimes de violences et pour leurs témoins. Ensuite, localement, il y a un tissu associatif qui fait un travail formidable. Je pense notamment à l’association Solidarité Femmes, installée à Dijon. Enfin, il y a un certain nombre d’avocats concernés par le sujet qui peuvent aider ces femmes à sortir du silence et à lancer une procédure.
On imagine assez facilement que ces cas de violences ont un caractère d’urgence. Les avocats peuvent-ils y répondre ?
Oui bien sûr, on peut être reçu à tout moment. À Dijon, les avocats assurent à tour de rôle une permanence 7j/7 afin de ne jamais laisser un justiciable sans défense. Dans certains cas, il faut agir vote pour éloigner la femme victime de violence et parfois les enfants.
On entend souvent dire « ce sera ma parole contre la sienne »... Concrètement, comment puis-je prouver que je suis victime de violences ?
En disant cela, on cherche bien souvent à dissuader les victimes. Alors oui, ne nous voilons pas la face, c’est parfois difficile d’apporter des preuves mais ce n’est pas infaisable. Des enregistrements, des films, des attestations médicales, des sms, des mails ou un dépôt de plainte (surtout pas une main courante, ça ne sert à rien !) peuvent être utilisés pour prouver les violences. Enfin, et c’est important de le rappeler : si l’auteur des violences est le compagnon de la victime, il s’agit d’une circonstance aggravante.
Quels conseils pourriez-vous donner aux victimes ou aux témoins de violence ?
Surtout, aller jusqu’au bout ! Aujourd’hui, les réponses sont rapides, la loi a vraiment bougé pour simplifier au maximum les procédures et protéger les femmes. Mais elles restent encore trop souvent fragiles et vulnérables...ce qui les conduit parfois à abandonner les démarches. Il ne faut rien lâcher ! Aucune violence n’est acceptable. Et pour les témoins, même combat : ne rien dire, c’est cautionner et mettre en danger la vie d’autrui.
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Vous pouvez télécharger un formulaire de demande d’ordonnance de protection sur le site www.service-public.fr.
Une fois rempli, vous devrez le transmettre au Tribunal de Grande Instance de Dijon, 13 boulevard Clémenceau (ouvert du lundi au vendredi : de 8h45 à 11h45 et de 13h15 à 17h / Tél. : 03 80 70 45 89)
// Possibilité de faire la demande par voie électronique.
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sOPHIE bELLEVILLE – avocate du barreau de Dijon
Alexia Buffenoir
« Pour bien accompagner un enfant, il faut soutenir les parents »
Alexia Buffenoir est auxiliaire de puériculture et accompagnante à la parentalité. Un nouveau métier où les mots bienveillance et respect prennent tout leur sens.
Vous exercerez un métier encore inconnu en France, quel a été votre parcours ?
Quand j’avais 14 ans, comme beaucoup d’ado j’ai fait mes premiers baby-sitting...Pour moi, ce n’était pas un petit boulot, c’était vraiment de jolis moments partagées avec des enfants. J’ai donc assez rapidement décidé d’en faire mon métier. J’ai travaillé dans des colo, des écoles, j’ai été surveillante, accompagnante de vie scolaire et finalement auxiliaire de puériculture, en crèche.
Quel a été le déclic ?
C’est le lien parent-enfant et le tourbillon d’émotions qui va avec ! Je suis sensible aux difficultés qu’ils ressentent parfois dans la relation avec leurs tout-petits et par leurs questionnements qui malheureusement ne trouvent pas toujours de réponses. Je décide donc de continuer à me former pour pouvoir accompagner les familles de façon plus globale.
Et vous devenez à votre tour maman...
Oui ! J’ai eu mon premier enfant en 2017. Je deviens maman et je vis à mon tour ce fameux tourbillon émotionnel. Cette expérience me fait vivre d’immenses bonheurs mais également des périodes de doutes, et je me rends compte qu’en tant que jeunes mamans nous pouvons vite nous sentir seules.
Vous créez alors votre compte Instagram « Devenir Parent ». Un moyen de sortir de la solitude ?
Oui et surtout de faire mes premiers pas dans l’accompagnement à la parentalité. Je réalise à ce moment-là l’importance du lien et de la transmission : je suis convaincue que l’échange, le partage et l’entraide sont de merveilleux piliers pour nous soutenir dans notre vie parentale.
Et puis vous faites le grand saut en créant votre entreprise. A.B : Déjà formée en aromathérapie et en analyse transactionnelle je décide, l’année dernière, de présenter mon projet à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte-d’Or. Un an plus tard, je deviens officiellement « accompagnante en parentalité ».
Qui accompagnez-vous ?
Des futures ou jeunes mamans, des papas et également des professionnels. Tous ceux qui se retrouvent en tête à tête avec leurs doutes ou leurs questions existentielles, qui ne trouvent pas de réponses satisfaisantes ou qui ce heurtent à un manque d’écoute ou à des incompréhensions.
Concrètement, ça se passe comment ?
Je ne suis ni une coach, ni une consultante, je suis aux côtés des parents. Je leur apporte un regard extérieur sur une situation, du recul et des clés pour aller de l’avant. J’échange avec eux en ligne ou bien je me rends chez eux pour, dans un premier temps, construire un dialogue sincère et libérer la parole.
À quel moment intervenez-vous dans la vie de ses parents ?
Plus les réponses aux questions arrivent tôt, mieux c’est ! Mais c’est souvent après la naissance que les doutes s’installent. Pendant 9 mois, les mamans sont très entourées, notamment pas des sage-femmes qui font un super boulot. Mais il arrive qu’après l’arrivée de l’enfant, elles ressentent une sorte de vide. Elles se sentent parfois seules et démunis face aux défis de la parentalité.
Quels sont les thèmes abordés le plus souvent ?
La gestion des émotions. Celles des parents et des enfants bien sûr. La frustration, la colère, la gestion des pleurs reviennent fréquemment. L’idée n’est pas de sortir une réponse toute faite de mon chapeau mais d’écouter et de comprendre. L’échange est bien souvent un début de solution. Ensuite, la dimension conseil s’installe, toujours avec bienveillance et respect.
Quel conseil pouvez-vous donner aux futurs ou jeunes parents parfois dépassés ?
De se faire confiance ! Ils sont souvent rongés par la culpabilité alors qu’ils font dans la plupart des cas les bons choix. Il faut s’écouter, suivre son instinct et assumer ses choix... Même quand on a l’impression d’être en dehors des clous ou des schémas classiques. L’objectif c’est de trouver une osmose familiale. Et pour bien accompagner un enfant, il faut apporter son soutien aux parents.
Alexia Buffenoir – auxiliaire de puériculture
Laure Dupuis
Les conseils de Laure
Pendant la grossesse, on mange...
Varié, équilibré avec bien sûr des aliments aussi naturels que possible. En fait c’est simple, l'alimentation qui est bonne pour la femme enceinte et allaitante est exactement la même que celle qui est bonne pour tout le monde.
Manger mieux mais pas forcément pour deux
L’idée c’est d’avoir tous les apports nécessaires pour la maman et pour le bébé. Il faudra donc veiller à ne pas manquer de protéines, de vitamines, de minéraux, de vitamine B, d’oméga 3 et de fer. Pour cela, on va donc privilégier les céréales complètes ou semi complètes, les poissons, les œufs et les protéines végétales.
Des compléments alimentaires à la rescousse
L’apport en magnésium, en Oméga 3 et en vitamine B peut être issu de compléments alimentaires naturels disponibles en rayon et spécialement conçus pour les femmes enceintes.
sel : c’est le moment de calmer le jeu
Pendant 9 mois, il est conseillé de réduire sa consommation de sel et plus particulièrement au 2ème et au 3ème trimestre pour éviter la rétention d’eau.
Les ingrédients qui font bon ménage avec l'allaitement
Quand on allaite, il est recommandé de bien s’hydrater (2,5L d’eau / jour) et d’avoir une alimentation saine et équilibrée. Pour favoriser la lactation, on peut manger du fenouil, des panais, du cèleri ou du cerfeuil, des fruits secs et des oléagineux. Sans oublier les tisanes qui stimulent la montée de lait.
Quintesens, les huiles préférées de Laure !
Pendant la grossesse et l’allaitement, bébé doit pouvoir puiser dans vos réserves nutritionnelles sans pour autant affaiblir votre capital santé. L’huile [MAMAN] Quintesens, conçue par des nutritionnistes, associe 6 huiles aux vertus complémentaires en proportions adaptées aux besoins spécifiques pendant la grossesse et l’allaitement.
Le gras joue un rôle fondamental sur le métabolisme de bébé, c’est sa première source d’énergie et surtout sa principale source d’acides gras essentiels (AGE) et de vitamine E. C’est l’ingrédient de référence de son alimentation dès le début de la diversification. L’huile [BÉBÉ] Quintesens, conçue par des nutritionnistes, associe 5 huiles aux vertus complémentaires pour couvrir les besoins spécifiques de bébé de 4 à 36 mois.
Laure dupuis - Naturopathe à la vie saine
Aude Laurent
« La grossesse c’est un marathon ! »
Aude Laurent est diététicienne et nutritionniste. Dans son cabinet flambant neuf rue de Montchapet, elle accueille tous ceux et celles qui s’interrogent sur leur alimentation et qui cherchent un accompagnement sur mesure. Elle reçoit les femmes enceintes avant, pendant et après leur grossesse et leur propose un suivi personnalisé.
On a longtemps dit qu’enceinte, une femme devait manger pour deux... Est-ce un adage à jeter à la poubelle ?
...On avait coutume de dire cela à une époque où le risque de carences ou de malnutrition était encore fréquent. Et on imaginait que le bébé allait en pâtir, alors qu’en réalité, il se sert le premier ! Aujourd’hui, on a donc surtout tendance à insister sur le fait de mieux manger quand on est enceinte ! Ce n’est pas une histoire de quantité mais bien de qualité et d’équilibre.
« Manger mieux », ça veut dire quoi ?
La grossesse c’est l’occasion de reprendre les bonnes habitudes : 3 repas par jour avec des protéines, des légumes, des féculents, un produit laitier et un fruit, une bonne hydratation et bien sûr de l’exercice. Idéalement, il faudrait marcher au moins 30 minutes par jour enceinte ou pas enceinte !
Ça c’est dans l’idéal... mais comment faire en cas de fringales (et on sait qu’elles sont fréquentes chez les futures mamans)
Mon conseil c’est de fractionner les repas : un repas plus léger suivi d’une collation (banane, produit laitier, pain aux noix, granola...) un peu plus tard. On peut aussi décaler son dessert en prenant un fruit ou un produit laitier un peu plus tard dans la journée. Au delà de calmer les fringales, ça aura aussi bien souvent un effet sur les nausées.
Grossesse et régime sont-ils compatibles ?
Absolument pas ! Qu’ils soient restrictifs ou amaigraissants, les régimes sont contre-indiqués pendant 9 mois ! Une grossesse c’est comme un marathon, plus on se prépare tôt, plus on met toutes les chances de son côté !
On peut donc vous voir dès le projet de grossesse ?
Il n’y a pas de règle, chaque femme doit s’écouter. Mais pour celles qui auraient des problèmes de surpoids, c’est en effet préférable qu’elles soient accompagnées dès le projet de grossesse. Le surpoids peut en effet majorer le risque de complications tels que le diabète gestationnel ou l’hypertension. Dans ce cas, l’accompagnement est vraiment indispensable. Au delà de cette question du surpoids, il est utile de rencontrer une diététicienne pour remettre les pendules à l’heure en privilégiant par exemple les aliments riches en folates : les levures, les épinards, le cresson, le pissenlit, la mâche, le melon, les légumes à feuilles, les haricots verts, les lentilles, les noix, les châtaignes, les pois chiches en contiennent en quantité ! Cette vitamine B9 est essentielle pour le développement du système nerveux de l’embryon. Par précaution, le médecin ou la sage-femme prescrira des compléments avant la conception et pendant les 3 ou 4 premières semaines de la grossesse.
Au delà des questions de poids, en quoi l’alimentation peut-elle améliorer le bien-être de la femme enceinte ?
Il y a plein de petits tracas de la femme enceinte qui peuvent être gommés ou du moins minorés grâce à l’alimentation : les épisodes de constipation peuvent diminuer grâce à une eau riche en magnésium et une mastication plus lente, les remontées acides deviennent plus rares si on évite les aliments gras et si on ne se couche pas tout de suite après le repas.
Et après l’accouchement, c’est quoi le secret pour retrouver son poids de forme ?
C’est de ne surtout pas se mettre la pression... sans pour autant prendre les choses à la légère ! Car on ne va pas se mentir, c’est mieux de perdre ses kilos de grossesse : pour être bien dans ses pompes évidemment, et pour repartir sur de bonnes bases pour celles qui souhaiteraient élargir encore la famille. Mon rôle consiste à accompagner ces jeunes mamans pour leur donner les bons réflexes... sans leur compliquer la vie !
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www.mangerbouger.fr où vous pourrez télécharger le « guide nutrition de la grossesse »
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Aude laurent - Diététicienne - nutritionniste
15 Rue de Montchapet, 21000 Dijon