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Anne Laure Tissot

« Il ne faut pas attendre d’avoir un enfant pour se soucier de son périnée »
Anne-Laure Tissot, kinésithérapeute, propose sa version de la rééducation périnéale : une approche globale pour mieux cerner les profils de chaque patiente

Est-ce que tous les kinésithérapeutes proposent la rééducation périnéale ?
Tous les kinés ont la formation de base mais il est fortement conseillé, pour la pratiquer, de suivre une formation complémentaire. Quelques kinés la proposent mais les femmes ont parfois du mal à savoir lesquels car il y a un réel manque de communication sur cet aspect de notre métier.


En quoi l’approche d’un kiné est-elle différente de celle d’une sage-femme ?
En fait, tout dépend de la formation ! En ce qui me concerne, en plus de la formation spécifique, j’ai suivi des cours sur les chaines musculaires et physiologiques : ça permet de poser un autre regard sur la problématique. Dans certains cas, il est essentiel de travailler aussi la zone abdominale-lombaire et la respiration. Pour d’autres, il faudra travailler sur la posture, la cage thoracique ou la colonne vertébrale.


Quelles sont les avantages de cette approche plus globale ?
C’est une approche qui peut convenir aux femmes pour qui la rééducation classique n’a pas fonctionné et qui avaient déjà un déficit avant d’être enceinte. Dans ce cas, avant le renforcement musculaire du périnée, il nous faudra d’abord faire disparaitre les dysfonctionnements physiologiques qui entrainent ce déficit. Cependant, la rééducation avec une sage-femme peut largement suffire pour les femmes qui n’ont pas de problèmes sous-jacents et doivent juste tonifier leur périnée. Les sages-femmes interviennent en outre sur l’incidence des perturbations hormonales, ce que les kinés ne font pas. Pour chaque femme et sa problématique, il faut trouver la méthode adaptée.


Quel est votre protocole d’action ?
On fait d’abord un bilan oral pendant lequel je pose beaucoup de questions à la patiente. L’objectif : repérer de potentiels antécédents et des pathologies associées telles que des lombalgies, des soucis respiratoires... qui ne sont pas directement liés à la grossesse et sur lesquels j’interviendrai avant même de commencer le renforcement musculaire du périnée. Lors d’un second rendez-vous, je fais « l’état des lieux » grâce au test des différents muscles du périnée et je teste les abdominaux qui, s’ils sont incorrectement activés, peuvent aussi engendrer des soucis au niveau périnéal. Je regarde également les cicatrices liées aux déchirures, aux épisiotomies ou césariennes et qui peuvent engendrer des douleurs ou une insensibilité. Si c’est le cas, il faudra effectuer un travail de massage, spécifique au kiné, pour améliorer l’efficacité musculaire et l’inconfort. C’est donc vraiment une approche globale.


Pourquoi est-il essentiel de renforcer ou remuscler son périnée ?
Pour être bien, tout simplement, et surtout pour éviter d’éventuelles complications. Sans aller jusqu’à la descente d’organes, qui est la conséquence la plus dramatique d’un plancher pelvien défaillant, certaines vont très mal vivre le fait d’avoir des fuites urinaires par exemple... et c’est normal de mal le vivre ! Il y a même des femmes qui arrêtent une activité sportive à cause d’un inconfort périnéal. D’autres ressentent aussi de l’inconfort durant les rapports sexuels. En revanche, j’insiste sur le fait qu’une fois la rééducation terminée, il faut faire entrer l’entretien du périnée dans le quotidien ! C’est ce que je m’efforce aussi de transmettre pendant les séances.


Quels symptômes traduisent un dysfonctionnement du périnée et doivent alerter les femmes ?
L’erreur, c’est de toujours lier périnée et grossesse : il ne faut pas attendre d’avoir un enfant pour se soucier de son périnée. Si une jeune fille a des fuites urinaires lorsqu’elle éternue, qu’elle tousse ou qu’elle rit, elle peut déjà consulter. Une sensation de lourdeur dans le bas du ventre ou des bruits vaginaux lors de certaines pratiques sportives peuvent aussi être des signes d’un déficit. En fait, comme pour n’importe quelle autre partie du corps, le périnée c’est toute la vie qu’il faut s’en soucier!

Anne Laure Tissot – Kinésithérapeute

1 rue du Dauphiné 21121 Fontaine lès Dijon

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